Il s’est révélé la saison dernière au Paris FC, gagnant le droit de découvrir la Ligue 1 cette saison avec le Stade Brestois. L'ancien Niçois Romain Perraud (22 ans) se remet tout juste d’une blessure à la cuisse droite et s’apprête à faire face au PSG, ce samedi au Stade Francis-Le Blé (17h30). Un match évoqué en notre compagnie. L’occasion aussi de revenir sur son actualité et de dresser un premier bilan de son aventure en Bretagne.
Vous vous êtes assez peu exprimé depuis votre arrivée à Brest, pourquoi ?
Romain Perraud : Je n’ai pas eu 10 000 sollicitations non plus (rires). Mais c’est vrai que je ne voulais pas faire parler de moi. Je voulais d’abord montrer ce que je valais sur le terrain et essayer de m’imposer.
Que pensez-vous de vos premiers mois ici ?
C’est plutôt intéressant. Je suis arrivé dans un nouveau club. Mon troisième en trois ans. J’ai dû m’adapter à un autre groupe, à une autre région. Il m’a fallu un petit peu de temps pour m’acclimater et évaluer le niveau de la Ligue 1, mais j’ai pu enchaîner les matches, et je trouve que c’est positif même si j’ai eu une petite blessure.
Comment vous sentez-vous physiquement ?
Je n’ai plus de douleurs. Je suis bien revenu. J’ai eu une petite lésion musculaire, mais le match de Coupe de la Ligue la semaine dernière contre Metz m’a fait beaucoup de bien. J’ai pu rejouer donc tout va bien.
Pourquoi avoir choisi le Stade Brestois ? D’autres clubs s’étaient manifestés ?
Le Celtic Glasgow et Dijon m’ont aussi fait des offres concrètes. Avec le Celtic, les discussions ont démarré au début du mercato, mais Nice ne voulait rien entendre, donc ils ne sont pas revenus à la charge. Il restait Dijon et Brest. Au final, j’ai choisi Brest. J'ai été séduit par le projet et le discours qui m'a été tenu.
Quel était le discours justement ?
Ils m’ont dit qu’ils compteraient sur moi tout au long de la saison. J’ai eu un bon feeling avec le directeur sportif Grégory Lorenzi, et une vraie confiance de la part du club. À partir de là, je me suis dit que tout était réuni pour que j’aille là-bas. Après, bien entendu, il fallait que je gagne ma place et que je rende au coach la confiance qu’il m’avait accordé, pour essayer de jouer le plus de matches possibles.
"À Nice, je pense que ça arrangeait tout le monde que je parte"
Quand on connaît votre attachement à Nice, ne regrettez-vous pas que le Gym ne vous ait pas fait davantage confiance ?
Ce qui est fait est fait. C’est du passé. On ne s’est pas entendus. Le rapport de confiance était pratiquement inexistant, avec très peu d’échanges. La saison dernière, je n'ai eu aucun contact avec les membres du staff, donc à partir de là... Mais il n’y a pas de regrets. C’est le foot. Ils ont fait des choix. Moi, j’ai fait les miens. Et après, chacun fait sa route de son côté. Ça me fait quelque chose parce que c’est mon club formateur, mais bon, aujourd’hui, je ne me casse plus la tête.
Quand vous revenez du Paris FC, avez-vous l’espoir de rester à Nice ou est-ce acté dans votre tête que vous allez partir ?
Pour moi, c’était déjà acté. À la fin de la saison, j’ai eu une entrevue avec Patrick Vieira et Gauthier Ganaye. J’ai fait part de mon envie de quitter le club. En retour, je n’ai pas senti une réelle insistance pour me conserver. Je pense que ça arrangeait un petit peu tout le monde.
C’est étonnant, car il n’y avait pas beaucoup de latéraux gauches de métier au moment de votre départ ?
C'est vrai... Mais c’est à la direction du club de s’occuper de ça. Moi, je voulais partir. J'avais mes raisons. Il y avait pas mal d’antécédents. Je ne vais pas rentrer dans les détails parce que ça ne vaut pas la peine. Je pense que le mieux pour moi était d’avancer et de ne plus regarder derrière moi tout simplement.
À Brest, vous êtes en concurrence avec un joueur d’expérience, Ludovic Baal, comment ça se passe entre vous deux ?
C’est vraiment quelqu’un de bien. La concurrence est saine, il n’y a aucun souci. Dès qu’il peut, il me donne des conseils. J’apprécie ! Parfois, dans le foot, on n’est pas en concurrence avec une personne honnête et franche. Nous, on ne se met pas de bâtons dans les roues. On travaille et le meilleur joue. Ludo, c’est quelqu’un de serein, qui a la force tranquille. Je m’imprègne de ça, de la façon dont il gère les temps forts et les temps faibles pendant les matches.
Vous avez aussi retrouvé votre ami Alexandre Mendy. C’est votre binôme dans le vestiaire ?
C’est un de mes binômes bien sûr. Avec Alex, ça fait pas mal de temps qu’on se connaît. Quand j’étais en CFA à Nice, il ne jouait pas forcément avec les pros et redescendait avec nous. C’est quelqu’un de très bien. Je l’apprécie énormément et ça fait du bien d’être accompagné par une personne de confiance comme lui dans le vestiaire.
Quelle analyse faites-vous de vos parcours respectifs ?
Dans une carrière, il y a forcément des coups d’arrêts, des moments où ça ne passe pas. Mais si on s’accroche, on finit par rebondir. Pour lui, c’est ça. Il a eu des rebondissements. Il y a eu les blessures. Et aujourd’hui, je pense que, même si on est jeunes, on peut être fiers des parcours qu’on a menés jusqu’ici.
"Ça me fait mal de voir le Paris FC en bas de classement"
Saviez-vous que vous aviez autant de coffre avant votre saison au Paris FC ?
Ce qui est sûr, c’est que le volume de jeu, je l’avais. Mais encore fallait-il le mettre en valeur. La saison dernière, j’ai vécu une saison vraiment sympa. L’équipe m’a beaucoup aidé. J’avais carte blanche pour monter sur le terrain et je me suis éclaté. Il y avait une bonne osmose qui m’a permis de m’épanouir.
Vous sentez-vous redevable vis-à-vis du Paris FC ?
C’est le club qui m’a tendu la main. Ils sont venus me chercher à la toute fin du mercato, sans forcément regarder mon CV. Ils ont vu que j’avais été performant au Tournoi de Toulon avec l’équipe de France, et aujourd’hui je leur suis extrêmement redevable. Si je signe en Ligue 1, c’est en partie grâce aux dirigeants et à l’ensemble du Paris FC.
Quand vous les voyez 19e de Ligue 2 en ce moment, ça vous fait mal au cœur ?
Oui, ça me fait mal parce que j'ai des copains dans cette équipe. Maintenant, il faut avancer. C’est rare de faire deux saisons identiques, ce n’est pas facile non plus quand on joue les barrages. En plus de ça, des joueurs sont partis. On ne va pas refaire l’épisode. Il y a eu beaucoup de chamboulements, il a fallu se remettre mentalement dans une nouvelle saison de Ligue 2 aussi... Quand on fait les barrages, on a des étoiles plein les yeux, mais la réalité c’est qu’une fois que c’est terminé il faut se préparer pour repartir au combat. Je ne suis pas au sein du groupe pour expliquer tout ça, mais j’espère qu’ils vont relever la tête et se maintenir.
Cette saison, vous êtes le Brestois qui effectue le plus de passes en moyenne par match (59). Un petit peu comme à Paris... Vous êtes un aimant finalement.
Je ne sais pas si je suis un aimant, mais j’essaye de me rendre le plus disponible possible. Ça me permet de rentrer dans mes matches et plus je touche de ballons, mieux c’est. Mon jeu n’a pas changé, et je ne le changerai pour rien au monde. J’essaye de donner de l’allant à l’équipe par mes courses, en mettant de l’intensité. C’est en moi et ça explique pourquoi je touche pas mal de ballons.
Vous êtes aussi le Brestois qui tente le plus de tirs hors de la surface (1,1 par match en moyenne), mais vous n’avez pas encore marqué. Ça vous démange ?
Pas forcément. Je le répétais déjà l’année dernière... Quand tu tentes de loin, il y a des ballons qui rentrent et d’autres qui sortent. Il faut dire que l’adresse longue distance est assez aléatoire même si la technique de frappe, je l’ai. En match, on peut tomber sur un grand gardien. On peut rater le coche, on peut aussi toucher les montants. Il y a plein de paramètres qui font que soit ça rentre, soit ça ne rentre pas. Mais ce qui est sûr, c’est que ma chance je vais la prendre dès que j’en ai l’occasion. Ça s’est joué à peu de choses que je marque. Sur le premier match, par exemple, j’ai touché la barre contre Toulouse. Après il y a eu quelques beaux arrêts. Mais justement, ça me donne encore plus envie de continuer à frapper. Il faut que j’insiste sur mes qualités, et la frappe de balle en fait partie, donc je vais redoubler d’efforts pour que ça finisse par rentrer.
"Le PSG, ça va très vite, mais on a vu qu’ils sont capables de faux pas"
Débloquer votre compteur contre le PSG samedi serait une belle histoire.
(Rires) Ce serait magnifique, mais j’espère d’abord jouer. La concurrence est là, et le coach décidera si je dois jouer ou pas. Si je dois jouer, c’est sûr que ce serait incroyable de marquer mon premier but face au PSG, mais on n’en est pas là.
Les récents matches du PSG prouvent qu'ils ne sont pas invincibles. Font-ils moins peur que par le passé ?
J’ai trouvé le Paris Saint-Germain très intéressant sur les matches que j’ai vus. Et pour moi, quand ils ont leur collectif, avec des joueurs qui jouent tous ensemble, ils sont imbattables en Ligue 1. La première mi-temps contre Marseille, c’était impressionnant ! Ça va très vite, mais ils aussi sont capables de faux pas, comme à Dijon ou à Rennes, alors...
Cela vous donne des idées ?
Oui, un petit peu. Il ne va pas falloir les regarder. Il ne va pas falloir les laisser jouer non plus. Il faudra faire un match plein dans l’agressivité, dans le volume, dans les courses, et ne pas calculer. Après, s’ils ne sont pas dans un grand soir et qu’on commence à gagner certains duels, je pense qu’il y aura vraiment un coup à faire.
Le fait de les affronter juste après la Ligue des champions change-t-il quelque chose ?
Je ne pense pas... Ils sont capables de changer n’importe quel joueur à n’importe quel moment. En plus, ils ont perdu la semaine dernière contre Dijon. Ils vont sûrement venir revanchards. Mais ce sont des bons matches à jouer et il faudra donner le maximum pour essayer de faire un résultat.
Propos recueillis par Benjamin Quarez