PS Ricardo Pereira

ENTRETIEN - Ricardo Pereira (Leicester) : "Je ne savais pas que j'étais l'un des meilleurs dribbleurs..."

Qui dit Boxing Day, dit souvent gros match. Jeudi, à 21h, les suiveurs de la Premier League auront un œil sur l'affiche des fêtes d'année entre Leicester et Liverpool. Les Foxes, dauphins des Reds, tenteront de prendre leur revanche après le match aller perdu  2-1 en octobre dernier. Une rencontre que n'a pas oublié le latéral droit portugais Ricardo Pereira (26 ans). Très performant avec son équipe depuis le début de la saison, l'ancien Niçois confirme peu à peu qu'il est l'un des meilleurs du championnat à son poste. Les gros clubs le suivent et les statistiques parlent pour lui. Un entretien Goal.com réalisé dans un Français quasi-parfait.

Le programme du Boxing Day

Goal : Cela fait un an et demi que vous avez signé à Leicester, comment vous sentez-vous là-bas ?

Ricardo Pereira : Je me sens très bien à Leicester. C'est une ville tranquille. Je suis dans un club familial aussi, où ça a été très facile de m'adapter.

Malgré la défaite contre Manchester City (1-3) , vous êtes toujours deuxième de Premier League. Vous attendiez-vous à une telle première partie de saison ?

Non, je ne m'y attendais pas. Je m'attendais à une belle saison, meilleure que la saison dernière, mais je ne pensais pas qu'elle serait aussi bonne. C'est bien. C'est la preuve qu'on fait de bonnes choses. Il faut qu'on continue comme ça. On ne doit pas lâcher !

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Vous êtes en train de donner du bonheur à toute une ville qui avait vibré il y a trois ans en remportant le titre de Champion d'Angleterre. Ça aussi, c'est une fierté ?

C'est sûr qu'on est très contents de rendre fiers tous les supporters, de les voir heureux chaque week-end. Ils sont toujours là avec nous, à domicile comme à l'extérieur. Ça fait plaisir de pouvoir leur rendre tout ce qu'il nous donne avec de belles victoires et une bonne place au classement.

Les ambitions ont-elles changé à Leicester depuis le début de la saison ?

Non, les ambitions restent les mêmes. Il reste encore plus de la moitié du championnat à jouer. On sait très bien qu'on ne nous attendait pas aussi haut. Ce serait bien de rester à cette place, mais on n'a pas changé d'objectif pour l'instant.

Comment abordez-vous le grand rendez-vous du Boxing Day jeudi contre Liverpool ?

Ça va être un gros match. On va affronter un adversaire très coriace, qui en plus est leader du championnat. On sait que ça va être difficile, mais on aura notre mot à dire. On va jouer chez nous, avec nos supporters. Je pense que si on défend bien et qu'on est efficace, on peut faire quelque chose.

"Le titre ? En Angleterre, on ne sait jamais. Ce n'est pas encore fait"

Les Reds ont pris dix points d'avance. Le championnat est-il déjà plié selon vous ?

Ici, en Angleterre, on ne sait jamais. C'est vrai que dix points d'avance sur le deuxième, c'est beaucoup. Mais l'année dernière aussi, ils ont eu sept points d'avance, et Manchester City est passé devant. Je pense que ce n'est pas encore fait même s'ils ont un très bon avantage.

À l'aller, ça ne s'était pas joué à grand-chose. Qu'est-ce qu'il va falloir faire pour les battre cette fois-ci ?

Chez eux, c'était dommage... Le penalty à la fin a été très dur pour nous. Le match nul aurait été plus juste. Mais je pense qu'on devra être plus costaud défensivement. Il ne faudra pas laisser trop d'opportunités à leurs attaquants. On devra jouer notre jeu, ne pas avoir peur, être agressif sur le ballon et efficace sur nos occasions.

Cela fait bientôt 30 ans que Liverpool n'a pas gagné le championnat, qu'est-ce qui vous impressionne le plus dans cette équipe ?

Déjà, ils m'impressionnent parce qu'ils sont premiers (rires). C'est une équipe qui sait toujours quoi faire dans n'importe quelle situation. Ils sont très forts dans les transitions. Ils cherchent beaucoup la profondeur. Ils sont très bons là-dessus. ll faudra être attentif tout le match parce que ça peut basculer à tout moment contre eux.

Ils ont des joueurs de classe comme Sadio Mané, Mo Salah et le jeune Alexander-Arnold. Ce dernier est-il taillé pour être le meilleur latéral droit du monde ?

Il est déjà l'un des meilleurs à son poste. Il a été très bon, très jeune. Il va encore grandir. Il a de très bonnes qualités avec le ballon et il fait un gros boulot pour son équipe.

PS Ricardo Pereira Liverpool

Aujourd'hui, vous êtes la meilleure défense de Premier League avec Liverpool (14 buts encaissés). Comment expliquez-vous cette métamorphose depuis l'arrivée de Brendan Rodgers en février ?

C'est vrai qu'il a rapporté une cohésion défensive. Mais ce n'est pas uniquement dû au bon travail des défenseurs. C'est toute l'équipe. On défend mieux, on presse plus haut et on a plus le ballon que l'adversaire en général. C'est bien car plus tu as le ballon, moins tu as de chances de concéder des occasions. On a progressé défensivement avec lui.

Il a changé beaucoup de choses ?

Clairement ! Il a changé la mentalité. Il a changé la façon de jouer et je pense qu'avec la qualité de notre effectif, on s'est amélioré partout.

Un joueur comme Youri Tielemans illustre ce retour en grâce. On l'avait connu en difficulté à Monaco, et là il est performant. Quelle impression vous fait-il ?

Je n'ai pas forcément vu ses matches en France, mais chez nous il est rentré tout de suite dans le collectif. Il a joué directement, son adaptation a été facile. Il a été performant, il a marqué des buts, ça a été une bonne recrue. Il est dans la lignée de la saison dernière et c'est un joueur important pour nous.

"Vardy est un grand attaquant : l'un des meilleurs avec lesquels j'ai joué"

Il y a aussi Jamie Vardy, qui était là lors du titre en 2016. Il empile les buts, et pourtant il est toujours à Leicester. Pas comme Kanté ou Mahrez qui ont signé ailleurs depuis. Est-il sous-évalué selon-vous ?

Je ne pense pas que ce soit ça. Il est considéré comme un grand attaquant partout où on joue. On le voit tous les week-ends, il fait la différence et je pense que c'était aussi son choix de rester dans un club comme Leicester qui lui a donné beaucoup.

C'est le meilleur avant-centre avec lequel vous ayez joué ?

Un des meilleurs. J'ai joué avec quelques bons attaquants, mais il est très efficace, il ne lâche jamais. Il se bat jusqu'au bout quand il perd un ballon. C'est très important de l'avoir. On l'a vu, il a encore marqué presque tout seul samedi contre Manchester City. Il nous aide beaucoup par ses buts.

Cette saison, vous êtes le joueur de Leicester qui a disputé et gagné le plus de duels (329; 182), mais vous êtes aussi celui qui a tenté et réussi le plus de dribbles (82; 41). Vous le saviez ?

Je savais qu'en termes de récupérations, j'étais l'un des meilleurs. Mais je ne savais pas pour les dribbles.

Qu'est-ce que ça vous inspire ?

Ça prouve que je défends bien et que je n'ai pas peur d'aller provoquer mes adversaires au dribble. C'est bon à savoir, ça me donne de la confiance pour continuer à faire ce que je fais de bien. Il va falloir travailler pour essayer de faire encore mieux.

PS Ricardo Pereira

Vous avez pris une importance capitale dans ce groupe. Avez-vous trouvé en Angleterre un championnat qui vous convient parfaitement ?

C'est vrai que la Premier League me convient bien, mais il n'y a  pas que ça. J'ai aussi grandi en tant que joueur, j'ai plus d'expérience. J'anticipe certaines choses mieux qu'avant. Et être dans une équipe qui joue bien, qui a le ballon, avec des partenaires de qualité, ça m'aide beaucoup.

Comment accueillez-vous les louanges vous concernant ? On rappelle que vous avez été élu meilleur joueur la saison dernière par les supporters de Leicester et vos partenaires.

Ça me fait plaisir. Je suis fier de ça. En plus, c'était ma première saison ici, il fallait s'adapter et mes coéquipiers m'ont beaucoup aidé. Match après match, je suis monté en puissance et aujourd'hui je me sens bien dans ce club, je suis heureux à Leicester, ça m'aide à être performant.

"Le PSG est un grand club, mais pour l'instant il n'y a rien"

Comment voyez-vous la suite sachant que plusieurs clubs s'intéressent à vous ?

C'est toujours valorisant de savoir qu'il y a eu des clubs intéressés, et qu'il y en aura peut-être encore. C'est la preuve que je fais bien les choses, que je travaille dans le bon sens, mais je suis tranquille par rapport à ça. Je ne me prends pas la tête avec les rumeurs.

La Juventus et le PSG étaient sur les rangs l'été dernier. C'est dans ce genre de clubs que vous aspirez à jouer plus tard ?

Bien sûr. On veut toujours monter de niveau et tous les joueurs rêvent de jouer la Ligue des champions. C'est une grosse compétition et c'est bien d'avoir été suivi par ce genre de clubs. Ce sont des choses positives qui me poussent à travailler.

Un retour en France dans un club comme le PSG, ça vous tenterait ?

On ne sait jamais ce qui peut se passer dans le futur. C'est un grand club. En plus, moi, j'ai joué en France. Je connais le club et le championnat. C'est le plus grand club en France. Il joue la Ligue des champions et le titre dans toutes les compétitions. Mais pour l'instant, il n'y a rien. Je dois continuer à être performant avant de penser à ça.

PS Ricardo Pereira

Est-ce que vous suivez encore la Ligue 1 et l'actualité de l'OGC Nice ?

Oui, bien sûr. Quand je peux, je regarde les matches et chaque week-end je jette un œil aux résultats de l'OGC Nice.

Quels souvenirs gardez-vous de vos deux saisons à Nice ?

C'était très positif pour moi. C'était ma première expérience en dehors du Portugal. Au début, je ne savais pas comment ça allait se passer, ce qui allait arriver. Je ne savais pas non plus ce que j'allais rencontrer. Mais j'ai découvert un très beau club, une très belle ville, avec de belles personnes, chez les dirigeants comme chez les supporters. Jouer à Nice m'a beaucoup aidé, c'est à partir de là que j'ai commencé à enchaîner les matches et que j'ai gagné en confiance.

Votre ancien entraîneur Claude Puel a fait son retour en France, à Saint-Etienne. Lui comme Lucien Favre ont eu une grande importance dans votre carrière ?

Les deux m'ont beaucoup marqué. Puel, c'est lui qui me voulait à Nice alors que je ne jouais pas beaucoup à Porto. Il m'a accordé sa confiance. J'ai joué presque tous les matches et c'était une étape très importante pour moi. C'est à partir de là que j'ai commencé à enchaîner les matches. J'ai fait deux belles saisons. La première avec Puel et la seconde avec Favre. C'était très positif, et ce sont deux entraîneurs qui m'ont vraiment aidé.

Jeudi, ils seront peut-être devant leur télévision pour regarder Leicester-Liverpool. Marquer pour les fêtes comme vous l'aviez fait l'an dernier contre Manchester City serait être une belle idée.

Bien sûr qu'un but, avec une victoire comme l'année dernière, ce serait parfait. On veut gagner et enchaîner les points. Alors si je peux aider mon équipe avec un but... (rires).

"L'Euro 2020 est un de mes objectifs"

On parle beaucoup de vos performances en club, mais il y a aussi des échéances à venir avec la sélection portugaise. L'Euro, c'est dans un coin de votre tête ?

C'est forcément un objectif depuis le début de la saison. Mais comme je l'ai dit, il faudra déjà bien jouer ici, avec Leicester, pour être récompensé et avoir l'opportunité d'aider l'équipe nationale au Championnat d'Europe.

Le Portugal sera dans le groupe de la mort, avec l'équipe de France et l'Allemagne. Qu'est-ce que vous pensez de ce groupe et y'a-t-il un favori ?

C'est un groupe très difficile. Il y a trois grosses équipes, mais je ne pense pas qu'il y ait de favori. On va tous jouer les uns contre les autres. Ça va être très serré, ça c'est sûr. Mais tout peut arriver et j'espère que le Portugal passera à la fin.

L'équipe de France voudra prendre sa revanche par rapport à l'Euro 2016. Depuis, ils ont été champions du monde. Ce sera l'adversaire le plus coriace ?

Peut-être... S'ils ont été champions du monde, ce n'est pas par hasard. Mais l'Allemagne a aussi un bel effectif. Ce sera deux matches très difficiles.

Que peut-on vous souhaiter pour 2020 maintenant que l'année se termine ?

J'espère que l'année sera encore plus belle. Je veux atteindre mes objectifs collectifs et individuels, et pour ça je croise les doigts pour garder la santé. C'est le plus important. Après, je vais continuer à travailler et si par bonheur on se qualifie pour la Ligue des champions et que je vais à l'Euro, ce serait déjà très bien.

Propos recueillis par Benjamin Quarez

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