Allan Saint-Maximin Newcastle Manchester UnitedGetty

EXCLU GOAL - Allan Saint-Maximin : "On ne m'a rien servi sur un plateau" (2/3)

On peut le trouver un peu arrogant, parfois soliste, Allan Saint-Maximin reste un homme - et un joueur - entier. Exilé à Newcastle depuis bientôt trois saisons, le Français s'est progressivement imposé comme le meneur de jeu du nouveau riche de Premier League. Pour Goal, l'ancien Niçois a accepté de se confier sur une carrière faite de hauts et de bas, une équipe de France qu'il espère tutoyer et un style - de jeu et de vie - qui font sa singularité. Deuxième chapitre d'un entretien sans filtre en trois volets.

Au cours de ta carrière, tu penses qu'on t'a, peut-être, par moment, pas laissé suffisamment de place ou de temps pour t'exprimer ? A Saint-Etienne et à Monaco notamment ?

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Certains joueurs arrivent dans un club, rentrent dans le collectif, sont performants, enchaînent les matchs, marquent et, au final, ne bougent plus de l'effectif. Moi, je n'ai jamais eu cette chance-là. On ne m'a rien servi sur un plateau. A Saint-Etienne, j'étais jeune, j'ai fait quelques performances. Mais un coup je jouais, un coup, je ne jouais plus. C'était déjà assez compliqué à Saint-Etienne. Après, je rejoins Monaco l'année où le club est au top du top, l'année où ils gagnent le championnat avec Fabinho, Bakayoko, Benjamin Mendy, Thomas Lemar, Kylian, Bernardo Silva... Au milieu de ce groupe exceptionnel, c'était difficile pour moi, qui n'avait pas encore vraiment joué à Saint-Etienne, de demander une place de titulaire malgré des performances intéressantes à l'entraînement. C'était, aussi, très compliqué d'avoir du temps de jeu, sachant que je ne venais pas du centre de formation comme Kylian. On n'a pas forcément essayé d'en savoir plus sur moi. On m'a directement parlé de partir en prêt et je suis parti à Hanovre.

En Allemagne non plus, ça ne se passe pas comme prévu…

Là-bas aussi, ça a été assez compliqué. Hanovre voulait que je reste deux ans en prêt chez eux et moi je voulais simplement faire un an et revenir à Monaco. Les résultats du club n'étaient pas ceux escomptés. Le club a senti qu'on allait descendre en Bundesliga 2 et a tout fait pour pour me faire signer encore une année supplémentaire. Quand j'ai refusé, ils m'ont dit que je ne jouerai pas jusqu'à la fin de mon prêt. Bref, j'ai enchaîné des années durant lesquelles je n'ai même pas pu vraiment m'exprimer ou avoir ma chance. Tout a changé quand, en revenant à Monaco, j'ai pris la décision de repartir en prêt à Bastia. J'ai commencé à avoir un peu plus de temps de jeu et j'ai pu montrer mes qualités. Et après cette superbe année à Bastia où j'ai vécu j'ai de très bons souvenirs, j'ai pu rejoindre Nice où j'ai pu, de nouveau, montrer un peu plus mes qualités. Mais j'étais encore dans une phase d'apprentissage. J'étais encore dans une phase où je devais en apprendre encore plus sur moi, sur mon potentiel.

En 2019, tu sortais de deux saisons pleines avec Nice, et tu choisis Newcastle. Pourquoi les Pies alors que beaucoup d'observateurs pensaient que tu faisais un mauvais choix ?

Pour être honnête, j'ai eu pas mal de propositions, même de gros clubs en Italie, en Espagne et même en Angleterre. Mais ce dont j'avais vraiment besoin, c'était un club comme Newcastle qui me voulait vraiment et qui a tout fait pour que je vienne. J'ai eu de très bonnes conversations avec le coach. J'ai eu un très bon ressenti. Je n'avais pas envie d'avoir les mêmes soucis que j'ai eus auparavant. Je ne voulais pas être un joueur parmi tant d'autres. Newcastle m'a permis cela et j'ai pu montrer tout ce que j'ai montré jusqu'à présent en Premier League.

"J'ai décidé de ne pas partir (de Newcastle) alors que j'en avais l'occasion."

Avec la reprise de Newcastle cette saison, on s'attend, forcément, à ce qu'il y ait un projet galactique au club. On l'a entrevu au mercato d'hiver avec l'arrivée de Guimaraes, Trippier, Willock et Wood. Tu le vis comment ?

Les gens ne le savent pas, mais avant que je n'arrive à Newcastle, il y avait déjà des conversations autour d'un rachat du club. C'est aussi ce qui m'a donné envie de signer ici. Je savais qu'il y avait un projet très intéressant. Je ne savais pas encore qui ni quand. Je savais simplement qu'il y avait plein d'investisseurs qui étaient intéressés. Et finalement, j'ai eu de la chance que ça arrive maintenant. Dès cet hiver, on a vu ce qu'ils étaient prêts à faire. Je pense que ça envoie de très bons signaux quant à ce qu'ils vont faire cet été. C'est pour ça que c'est une très grosse opportunité pour moi d'être au centre de ce projet-là.

Il y a eu aussi un changement de coach en cours de saison avec l'arrivée d'Eddie Howe à la place de Steve Bruce. Qu'est-ce qu'il a changé ?

C'est un coach que j'aime beaucoup. On apprend encore à se connaître mais j'aime beaucoup sa façon de réfléchir. On le voit avec Joelinton qui n'est plus du tout le même joueur, qui a repris confiance en lui et qui est maintenant l'un des joueurs les plus importants de notre équipe. Il y a eu beaucoup de changements. Je le vois même par rapport à ma façon de jouer, celle de Willock, Ryan Fraser ou Fabian Schär. Beaucoup de joueurs commencent à montrer ce qu'ils sont capables de faire sur le terrain. Ça, c'est grâce au coach. On a un entraîneur qui s'occupe bien évidemment des résultats mais qui nous aide aussi à devenir de meilleures personnes, en dehors et sur le terrain, à travailler sur nos points faibles et nos points forts, et ça, je pense que ça fait une grosse différence

Si on te donnait le choix, au prochain mercato, tu voudrais attirer qui à Newcastle ?

C'est une conversation qu'on aura très certainement entre joueurs, avec le coach et les investisseurs. Le coach a une idée bien définie de ce dont il a besoin pour son équipe. Si je devais choisir, ce serait le cœur qui parlerait. J'aurais très certainement envie que mes amis rejoignent le club. Je pense par exemple à Ludovic Blas. J'aime beaucoup la personne et ce qu'il fait aussi à Nantes. Il a marqué beaucoup de buts. C'est un élément essentiel dans l'effectif nantais. Je sais aussi que Bruno (Guimaraes) aime beaucoup (Lucas) Paquetá.

Tu as un contrat avec Newcastle jusqu'en 2026. As-tu une équipe pour laquelle tu rêverais de jouer après les Magpies ?

Pour être honnête, à l'heure actuelle, je ne me vois pas partir de Newcastle. Après, il y a plein de choses qui peuvent changer. Plusieurs gros clubs m'ont approché pour un futur transfert. Mais ce sont des clubs qui ne sont pas venus me chercher quand j'étais à Nice. Newcastle est venu à un moment très important dans ma carrière. Ils m'ont donné beaucoup de confiance. Je suis quelqu'un de très reconnaissant. C'est pour ça que, d'ailleurs, même dans les moments où ça pouvait être très compliqué pour le club, comme la saison dernière, (Newcastle a fini 12e de PL, ndlr), j'ai décidé de ne pas partir alors que j'en avais l'occasion. Je me sens bien ici.

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