James Lea SilikiGetty

EXCLU GOAL - James Léa-Siliki : "Je m’étais fixé une date limite…"

Après une année très contrastée à Middlesbrough, James Léa-Siliki a mis un terme à sept ans d’une aventure rennaise faite de haut et de bas. Arrivé à Estoril le 22 juillet, le milieu de terrain explique avec précision pourquoi il a choisi de jouer au Portugal plutôt que de tenter de rester en France. Un choix aussi guidé par une Coupe du monde qui arrive à grands pas et qu’il espère disputer avec le Cameroun. Mais le nouveau sélectionneur Rigobert Song (il a pris ses fonctions en février) ne l’a pas convoqué pour les deux prochains matchs amicaux contre l’Ouzbékistan et la Corée du Sud. Léa-Siliki, lui, veut encore y croire. 

"Il n'y a que du positif depuis mon arrivée"

Comment se passent vos premières semaines au Portugal et à Estoril où vous avez signé au mois de juillet ? 

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Je suis agréablement surpris. J’ai eu l'habitude de connaître des clubs très familiaux que ce soit à Guingamp ou à Rennes. Ici c’est pareil. Il y a vraiment une proximité que ça soit avec le personnel dans les bureaux jusqu’au groupe pro. Tout le monde se déplace les jours de match, on est très proche et ça me convient bien. Même s’il n’y a pas les moyens que l’on peut connaître dans le championnat de France, par exemple à Rennes, ici tout est mis en place pour que les joueurs se sentent au mieux. On a une salle de musculation avec beaucoup de machines, où l’on tend à se rapprocher de ce qui existe à Rennes qui joue l’Europe ou en Angleterre avec des clubs très avancés sur ce point. Ici, il n’y a peut-être pas tout mais le club compense par la manière de faire et au final la qualité de travail est la même. Au niveau médical c’est top malgré le fait qu’il n’y ait les mêmes moyens qu’ailleurs. Ça a été une très bonne surprise. Il n’y a vraiment que du positif depuis mon arrivée. 

Vous avez rejoint Estoril cet été au milieu du mercato. Pourquoi ce choix ? Et Pourquoi ne pas avoir attendu plus longtemps dans ce mercato pour faire votre choix ? 

J’ai eu une préparation difficile puisque je me préparais tout seul. Dans ce genre de situation, on peut travailler tant qu’on veut, les entraînements collectifs te manqueront toujours. C’est d’ailleurs ce qui m’a fait défaut quand je suis arrivé : j’avais du mal à retrouver le rythme et j’avais un peu de retard sur le plan collectif. Je m’étais fixé une date limite pour ne pas arriver trop tard dans un groupe, pouvoir m’intégrer et comprendre ce qu’un coach et un collectif demandent. Quand on change de pays, il faut aussi connaître la langue et pour moi le mieux c’était de fixer une date limite afin de rejoindre un projet qui allait me convenir et où j’allais pouvoir retrouver le plaisir de jouer.

"La Coupe du monde a eu une influence sur mon choix"

Est-ce que la Coupe du monde a influencé votre choix (il est international camerounais et a disputé la dernière Coupe d’Afrique des Nations) ?

Oui, forcément. Pour être sélectionnable, il faut être très performant en club. Et arriver dans un club tôt pour pouvoir se retrouver, enchaîner les minutes et être décisif c’est quelque chose qui peut te permettre de retrouver la sélection et défendre les couleurs de ton pays. Donc oui, ça a eu une influence. 

Dans cette optique, pouvez-vous vous satisfaire de votre temps de jeu actuel ? 

Mon temps de jeu tend à croître. Après est-ce que c’est suffisant ou pas ? Je ne sais pas. Mais il tend à croître parce que je suis arrivé avec du retard physique donc forcément en ayant eu peu de séances collectives, en découvrant un nouveau pays, un nouvel effectif, il fallait s’intégrer, comprendre ce que le coach demandait tactiquement. J’ai eu des minutes, j’ai su en profiter. Je suis un éternel insatisfait, j’aimerais jouer tous les matches. Vous dire que je suis satisfait, ça serait faux mais je bosse bien et j’ai rattrapé mon retard. Aujourd’hui, je suis capable d’échanger avec mes coéquipiers dans une nouvelle langue, ça aide pas mal. C’est une première partie qui est passée, on va arriver dans un deuxième phase où il faudra enchaîner. On verra après. 

"Un retour en France ? Cela reste dans un coin de ma tête"

Pourquoi ne pas avoir rejoint le SCO Angers qui vous a contacté cet été ? Auxerre et Brest étaient intéressés également…

Retourner en France, cela reste dans un coin de ma tête et si une opportunité se présente, j’étudierai tous les projets. Pourquoi ça ne s’est pas fait dans ces clubs ? C’est un mercato, un club peut se renseigner, discuter et échanger. C’est aussi une question de timing, de moments, de politique, de profil. Je ne sais pas vraiment. Il ne faut pas rester sur ça mais si un moment donné, je peux revenir en France, ça sera avec grand plaisir

Que gardez-vous de vos sept années à Rennes ? Il y a eu de bons et de moins bons moments…

J’ai envie d’aller plus loin que cette question. En tant qu’homme, je me dois de remercier toutes les personnes qui œuvrent au quotidien au Stade Rennais, du centre de formation jusque dans les bureaux. C’est un club dans lequel j’ai grandi. Je suis arrivé en post-formation, je repassais mon baccalauréat. J’ai côtoyé le centre avec les U19, et on a atteint la demi-finale de la Coupe Gambardella, la CFA, la CFA 2. J’ai voyagé à travers tous les étages du club, j’ai croisé la route de bénévoles, de dirigeants. Plein de personnes m’ont aidé à être l’homme que je suis avant le footballeur.

"Je me suis découvert"

Mais en tant que footballeur, que gardez-vous de cette expérience ?

Des émotions, j’en ai connues énormément. J’ai connu aussi un nombre incalculable de partenaires talentueux. Des bons souvenirs, j’en ai tellement. Il y a eu des moments plus durs et ce n’était pas que de la faute du club. On est aussi fautif parfois. Rennes, c’est le club avec lequel j'ai fait mon premier match pro, marqué mon premier but, gagné mon premier trophée professionnel (la Coupe de France contre le PSG en 2018). J’y ai découvert la Ligue des champions et la Ligue Europa aussi. Ce club gardera une place à part dans mon cœur. Des mauvais moments, il y en a eus et il y en aura d’autres. Les retenir ? Oui parce que ça permet de grandir mais pas besoin de les rappeler (rires).

L’an passé, vous avez très peu joué lors de votre prêt à Middlesbrough. Est-que l’on apprend des choses dans ce genre de période ? 

Dans une carrière, on aimerait que tout aille dans le bon sens. Ce n’est pas toujours le cas et il y en a pour qui il faut passer par des étapes difficiles. Ça a été mon cas. Mais je me suis découvert dans la mesure où il faut apprendre à gérer cette frustration, car on est que 11 à jouer pour 23 joueurs à l’entraînement, 3 ou 4 au même poste. C’est le type de situation qui t’oblige à réfléchir sur ce que tu ne fais pas bien, sur ce qu’il faut faire et sur ce qu’il faut dégager. C’est un point important parce certains coachs peuvent avoir un certain ressenti sur un joueur à cause de ça. J’ai le profil d’un joueur que l’on perçoit comme élégant mais parfois inconstant. Je travaille sur mon « body language » et sur d’autres aspects pour mettre tout le monde d’accord et arriver au niveau auquel j’aspire. C’est là-dessus que cette année a été utile. Quand tu joues moins tu cherches des causes. Parfois, tu en trouves mais à tort mais c’est surtout toi qui fait que tu joues moins.

"La Coupe du monde n'est pas un objectif ultime"

Dans deux mois la Coupe du monde démarre, est-ce un objectif ultime pour vous ? 

Dire que ce n'est pas un grand objectif, ça serait mentir. Forcément, c’est un des grands objectifs de ma saison. C’est une Coupe du monde et beaucoup de joueurs ne la joueront jamais. J’ai la chance d’avoir mon pays qui est qualifié et pouvoir représenter mon peuple dans la plus grande compétition de football au monde, c’est un objectif. Est-ce que ça sera l’ultime ? Non. Une saison c’est très long et pour atteindre le mondial, il faut être performant en club. C’est ça le fil conducteur d’une saison. J’ai l’ambition de faire une saison pleine en club qui pourrait me donner les moyens d’aller chercher la sélection.  

Fin février, le Cameroun a nommé Rigobert Song comme nouveau sélectionneur, avez-vous pu échanger avec lui depuis sa prise de fonction ?

Non, je n’ai pas échangé avec lui. Après je pense qu’en tant que sélectionneur c’est dur d’échanger avec tous les joueurs qui peuvent être en sélection. Sa prise de fonction s’est faite dans un timing très court avec un objectif important à préparer. Je pense qu’il a essayé de faire au mieux en prenant les cadres. Ce n’est pas une fin en soi d’avoir le sélectionneur au téléphone. D’abord, je dois être performant en club, c’est ce qui me permettra d’être toujours observé et peut-être de pouvoir échanger (avec le coach). A moi de travailler, d’être performant et j’espère que cette discussion viendra. 

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