PS Martin TerrierGoal

ENTRETIEN - Martin Terrier : "Avec nos individualités, on peut former un collectif impressionnant"

Dans les couloirs du bâtiment des Espoirs, à Clairefontaine, Martin Terrier se sent comme à la maison. Il faut dire que le maillot des jeunes internationaux français - sous lequel il a inscrit 7 but en 8 sélections - a un rapport étroit avec son explosion au plus haut niveau et par répercussion, à son transfert à l’Olympique lyonnais l’hiver dernier. Dans l’environnement où il s’est pleinement révélé, l’attaquant de 21 ans s’est confié sur ses débuts à Lyon, les difficultés rencontrées avant de basculer sur sa nouvelle aventure et l’avenir de son équipe en laquelle il voit une "énorme marge de progression". 

Comment se passe le début de votre nouvelle aventure ? 

Martin Terrier : Sur le plan personnel elle se passe bien. À Lyon les objectifs sont différents, il y a plus de pression. Je donne le maximum pour passer les paliers petit à petit. 

Avez-vous la sensation d’avoir découvert un autre monde ? 

La première chose qu’on voit c’est que les infrastructures ne sont pas les mêmes. Alors dit comme ça, ça ne veut peut être rien dire mais la réalité c’est que tu te rends compte tout de suite que ce n’est pas le même budget donc pas le même standing et pour toi, pas le même contexte. Après les méthodes de travail sont différentes aussi mais elles sont spécifiques partout. C’est bien pour un jeune joueur comme moi de découvrir autre chose.

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Grâce à l’équipe de France Espoirs, vous connaissiez déjà quelques joueurs de l’équipe.  

C’est ce que je disais en arrivant à Clairefontaine la semaine dernière, avec Houssem (Aouar), Tanguy (Ndombélé), Lucas (Tousart) et maintenant Moussa (Dembélé) on a la moitié de l’équipe ! (rires). 

Est-ce une caution pour l'avenir de se dire qu'aujourd'hui plusieurs des meilleurs espoirs français constituent l'effectif de l'OL ?

Je ne crois pas qu’il faille le voir comme ça. En tout cas on ne m’a pas vendu ça même si c’est vrai que le recrutement peut paraître très ciblé. Par exemple pour Moussa, je pense qu’il faut voir le recrutement d’un très bon attaquant qui va pallier au départ de Mariano et qui va nous faire du bien. Pas le recrutement d’un joueur de l’équipe de France Espoirs.

Vous attendiez-vous à jouer tout de suite et d’être aussi rapidement considéré comme un potentiel titulaire ?

Tout d’abord je suis conscient de mes qualités et je sais que je peux apporter un plus à l’équipe. Maintenant, si on m’avait dit pendant la préparation que j’allais débuter deux des quatre premiers matches de Ligue 1 de la saison, j’aurais signé tout de suite. 

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Saviez-vous à quel poste vous alliez jouer ? 

J’étais un peu dans le flou par rapport à ça mais j’ai un profil assez polyvalent qui me permet de m’adapter assez facilement. Après, tout dépend du système de jeu du coach. Quand il met un 4-4-2 losange, avec la forte concurrence qu’il y a devant, je peux jouer aux trois postes. A gauche dans un 4-3-3, ça me va aussi. 

Vous avez bien une préférence…

Oui, en soutien de l’attaquant. Quand on joue à deux devant et qu’il y a un joueur avec un profil un peu différent comme celui de Memphis, j’aime bien tourner autour de lui donc je peux me mettre soit dans le duo de devant soit en 10. Mais bon en 10 il y a Nabil et… c’est Nabil quoi, la place est prise (rires). 

Vous impressionne-t-il ?

Ah oui. C’est un très grand joueur et à l’entraînement j’essaye d’apprendre de lui. En plus d’être un très bon joueur c’est aussi un très bon capitaine.

C’est une facette de sa personnalité qui s’est révélée la saison dernière et de l’extérieur son rapport au brassard a pu surprendre. En quoi est-ce un "très bon capitaine" ?

De l’extérieur on a souvent des impressions différentes de ce qui se passe réellement à l’intérieur. Il parle beaucoup avec les joueurs. On a un groupe avec beaucoup de jeunes et il donne de son expérience. Ça lui va bien parce qu’il est passé par là il n’y a pas longtemps. S’il nous voit stressé il vient, il nous parle tranquillement et donne des conseils. C’est vraiment bien. 

La saison dernière après votre transfert à l’OL vous aviez été moins en vue. Digérer tout ça a-t-il été difficile ?

J’ai eu des pépins physiques au moment du transfert et j’ai eu beaucoup de choses à gérer. C’était ma première saison chez les pros et j’ai eu une année assez compliquée avec beaucoup de changements. J’ai découvert les Espoirs, aussi. En fin de saison ça a été très dur, quand ta tête ne va pas il y a souvent des répercussions physiques. C’est un cercle vicieux et ce n’est pas facile d’en sortir. 

Vous êtes quelqu’un d’introverti, la médiatisation soudaine a-t-elle joué aussi ? 

C’est nouveau pour moi. Je découvre un peu tout ce qui m’arrive et je crois que dans le foot comme dans tous les domaines le monde professionnel s’apprend. C’est ce que je fais tous les jours et on m’aide pour ça à Lyon. 

Quels sont les objectifs du club cette saison ? Il parait naturel de parler de qualification pour la Ligue des champions, mais y a-t-il un discours plus précis ? 

On a fait troisième l’année dernière donc le premier objectif est d’au moins égaler cette place. Mais je pense qu’on peut faire mieux, le seconde place est possible. Devant il y a Paris qui a l’air de débuter très fort la saison. Après si jamais ils ont un coup de moins bien et qu’on peut les accrocher on ne crachera pas dessus. Il y a moyen de prendre des points dans les confrontations directes.

Gagner un titre, est-ce un objectif évoqué cette saison ?

Oui, c’est important. Cela fait un moment que le club n’a pas gagné. Il y a plusieurs coupes, je pense qu’il y a moyen de gagner quelque chose cette année.


❞ En ce début de saison, on a peut-être un peu trop attendu l'exploit individuel ❞


D’un point de vue personnel, y a-t-il des chiffres qui vous tiennent à coeur ? 

Je veux essayer d’avoir le maximum de temps de jeu pour m’imposer. Il n’y a pas de secret pour un attaquant, aider son équipe signifie marquer des buts, faire des passes décisives. Je n’ai pas marqué assez la saison dernière et j’aimerai bien atteindre la barre des 10. Pour les passes… (il réfléchit). Le double-double ? Ça dépendra du temps de jeu (rires). Mais des fois j’aime bien être dans la peau du super sub, ça m’a bien réussi en Espoirs et c’est vrai que j’arrive bien à faire la différence quand je rentre.

L’OL montre certaines limites collectives depuis plusieurs mois, votre projet de jeu est-il clairement défini ? 

En ce qui me concerne je le découvre mais oui, nous sommes une équipe qui a le ballon et qui veut produire du jeu. En ce début de saison on a parfois un peu trop attendu l’exploit individuel. On devrait peut-être essayer de jouer plus les uns avec les autres. Mais quand il y a des grands joueurs dans une équipe, il faut aussi savoir s’adapter. Je pense que la marge de progression est énorme. Au vu des qualités individuelles, je pense qu’il y a vraiment moyen de faire un collectif impressionnant. Il y a des grands joueurs à tous les postes pour faire quelque chose de bien. 

Vous qui avez eu un regard extérieur pendant plusieurs mois sur votre future équipe, que pensez-vous des critiques sur le jeu ? 

J’avais un oeil observateur sur Lyon, forcément. Mais j’évitais de regarder les avis des uns et des autres même si évidemment on ne peut pas trop y échapper aujourd’hui avec les réseaux sociaux. 

Les critiques concernent en grande partie le jeu proposé et Bruno Génésio. Quel coach découvrez-vous depuis plusieurs semaines et que vous apporte-t-il ?

C’est un coach qui est proche de ses joueurs, qui parle beaucoup et notamment aux jeunes. Dès le début il m’avait dit d’être patient parce qu’il ne pourrait pas faire de choix forts tout de suite en raison de la bonne saison des joueurs à mon poste l’année dernière. Tactiquement il m’apporte des choses surtout dans l’approche du poste d’ailier gauche. A Strasbourg je jouais plus dans les deux de devant donc il faut que je réapprenne à me situer dans son schéma tactique et il m’aide beaucoup pour ça.

Vous entamez votre campagne de Ligue des champions par un gros morceau la semaine prochaine. Que pensez-vous de votre groupe ?

On va se mettre dans le bain tout de suite avec un des meilleurs clubs du monde ! City part comme le favori, les deux autres clubs sont moins impressionnants, je pense que le groupe est équilibré et qu’on peut se qualifier. 

Comment le tirage de Manchester City a-t-il été accueilli ? 

On venait de finir l’entraînement au moment du tirage et on l’a regardé tous ensemble. On était content de tomber contre City, jouer contre eux donne envie et le club a prouvé l’année dernière qu’il aimait bien les gros matchs. Jouer contre quelques uns des meilleurs joueurs du monde qu’il y a là-bas, contre Guardiola qui propose un jeu énorme, on a tous hâte. 

Propos recueillis par Julien Quelen. 

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