Il reste sur trois buts en deux matches (Tours et Orléans). Trois réalisations dans les six mètres, quasi à bout portant. Malik Tchokounté (1,91 m), qui découvre la Ligue 2 cette saison, vient d'inscrire ses trois premiers buts à l'extérieur et prouve, match après match, qu'il peut être un buteur fiable à ce niveau. "C'est un peu un caméléon", explique à Goal Didier Santini, qui l’a entraîné pendant quatre ans à Calvi (N3, N2) puis la saison dernière à Dunkerque où il a terminé troisième buteur du National (12 buts). "Plus l'adversaire est bon, plus il apprend et élève son niveau de jeu", dit-il. Pourtant, les observateurs l'ont longtemps ignoré.
"Je l'ai proposé à plusieurs personnes, reprend Didier Santini. Mais les gens m'ont dit qu'il n'avait pas le niveau. Fabien a été plus intelligent". Fabien Mercadal, justement, se réjouit des performances de son attaquant. "Je reste persuadé que Malik pourrait être dans un effectif de Ligue 1, assure l'entraîneur du Paris FC, à l'origine de sa venue alors qu'il l'avait déjà fait signer par le passé, à Dunkerque. "C'est un attaquant de pivot, à la fois remiseur et attaquant de surface, avec un vrai sens du collectif. Il harcèle, se replace et ça, pour un entraîneur, ça a une valeur folle." Mais alors pourquoi cette réticence des observateurs ? Didier Santini a une explication : "Pendant des années, il a pâti de sa gentillesse. Il était tellement gentil qu'il faisait le job des autres. Maintenant, j'ai l'impression qu'il est aussi généreux, mais avec des petits efforts en moins."
"On le met souvent dans la case des bourrins..."
Une question de détails, donc, pour un attaquant au style atypique. "C'est une force de la nature. On le met souvent dans la case des bourrins, mais c'est un joueur très technique, qui court beaucoup, rappelle Fabien Mercadal. Il a une grosse VMA et c'est un sacré coéquipier. Il a besoin de courir, mais sa générosité, effectivement, lui fait faire des efforts qu'il ne devrait pas faire." Didier Santini, de son côté, regrette "qu'un club de Ligue 2 ne lui ait pas fait confiance 4-5 ans plus tôt". Mais il souligne tout de même un point positif. "Certains, à 20 ans, ne voient que l'argent et se retrouvent à 22-23 ans, une main devant, une main derrière. Malik, lui, a bien appris la vie en étant barman, pion..." Une succession de petits boulots, en dehors des terrains, qui ont forgé autant l'homme que le footballeur, devenu cadre du Paris FC, quatrième provisoire en Ligue 2.
"Dans mon esprit, ça a toujours été un cadre, confirme Fabien Mercadal. Il a la tête sur les épaules, un gros sens du collectif." Les compliments à son égard ne manquent pas : "J'aime les joueurs généreux et Malik en est un. Il est capable de faire les efforts pendant tout un match et le fait de les faire lui permet de rester dans le rythme. Les seuls moments où je lui reproche d'être trop gentil, c'est par rapport aux adversaires. Parfois les matches se tendent. Il prend énormément de coups et ça lui arrive presque d'accepter de les prendre." Des détails à peaufiner, encore, pour un joueur "dans le sacrifice". Pas toujours esthétique, mais drôlement efficace.