Le nom d’Aleksandr Golovin avait commencé à avoir de l’écho en France au mois de mars dernier lors du Huitième de finale de Ligue Europa qui avait opposé son équipe du CSKA Moscou à l’Olympique lyonnais. Auteur de l’ouverture du score lors du match retour au Groupama Stadium, le jeune milieu de terrain russe avait alors montré toute l’étendue de son talent à un public français qui allait encore entendre parler de lui. Après une Coupe du monde réussie avec la sélection russe, Aleksandr Golovin a continué d’alimenter la rubrique mercato des différents médias internationaux. Proche de la Juventus puis de Chelsea avec qui tout semblait pratiquement ficelé il y a quelques jours, c’est finalement à Monaco que le jeune joueur de 22 ans posera ses valises. Avec la promesse d’intégrer très rapidement l’équipe de Leonardo Jardim et de faire tourner le modèle sportif et économique du vice-champion de France.
Une ascension linéaire
Arrivé au CSKA Moscou en 2012, Aleksandr Golovin n’a que 16 ans. Le milieu de terrain débarque alors de la région de Kouzbass, en Sibérie occidentale, une province située très à l’est de la capitale russe. L’intégration à ce nouveau monde ne pose pourtant pas beaucoup de problèmes au jeune mordu de football très à l’écoute et convaincu par son destin de footballeur. En l’espace de deux ans avec les équipes jeunes moscovites, « Sascha », comme il est surnommé, attire l’oeil de Leonid Slutski, l’entraîneur de l’époque. « Il était clair qu’il avait un truc en plus, se souvient Viktor Onopko, l’ancien adjoint de Slutski désormais numéro 2 de Viktor Gontcharenko à la tête du CSKA. Il était aussi évident qu’il avait la tête sur les épaules et il a très rapidement progressé. Grâce à sa volonté, son sérieux, sa capacité d'écoute et au travail, il est devenu tout simplement l'un des meilleurs jeunes joueurs en Europe ».
GettyAleksandr Golovin (à droite) lors d'un match de Youth League entre le Bayern Munich et le CSKA Moscou lors de la saison 2012/2013.
Après avoir identifié ses qualités techniques et son sens du jeu, le staff du CSKA s’attèle à un autre combat : celui de la mise à niveau physique. Élancé et plutôt frêle, Aleksandr Golovin doit répondre aux exigences du championnat russe et des gabarits imposants qui le composent. Il s’impose alors des séances de musculation supplémentaires, travaille en salle en marge des entraînements collectifs et se fait une place dans la rotation de l’équipe première. Son sens du but et ses qualités techniques associées à sa capacité à fournir des courses de haute intensité et les contre-efforts en ont très rapidement fait un titulaire apprécié de tous. En juin 2015, quelques jours après avoir fêté ses 19 ans Golovin honore sa première sélection et devient alors le plus grand espoir de sa nation.
Un profil idéal pour le projet de jeu de Jardim
Identifié depuis plusieurs mois par les recruteurs monégasques, Aleksandr Golovin justifie l’investissement sur plusieurs plans. Malgré l’inflation voulue par le CSKA Moscou après le Mondial, le club de la Principauté s’est hissé à hauteur de l’offre attendue avant de redoubler d’efforts pour convaincre le joueur des bienfaits d’une étape intermédiaire avant de rejoindre un des plus grands clubs d’Europe. Et pour cause, Golovin correspond en tout points aux besoins de Leonardo Jardim. Sur le plan technique tout d’abord où il répond aux différentes phases de jeu du 4-4-2 à plat voulu par le technicien portugais. « C’est un joueur offensif bien sûr mais il est aussi très bon pour faire le travail ingrat lorsque l’équipe n’a pas le ballon, analyse Viktor Onopko. Il défend bien et exécute un précieux travail tactique ». Mais sa polyvalence permet également d’évoluer en schémas modulables comme l’a souvent fait Jardim la saison passée selon qu’il évolue ou non avec un numéro 10. « Il peut jouer dans l’axe ou sur un côté de manière tout aussi performante parce que c’est un bosseur infatigable, reprend l’entraîneur qui suit son évolution depuis 6 ans. Attaquer et créer restent tout de même les tâches qu’il accomplit le mieux ».
Dans un rôle offensif pour remplacer Thomas Lemar ou au sein du double pivot du milieu, Aleksandr Golovin possède donc toutes les qualités pour s’imposer comme un élément phare du onze monégasque. Surtout qu’un autre pan de sa personnalité devrait plaire à Leonardo Jardim, adepte de joueurs-travailleurs qu’il n’a pas toujours retrouvé dans son effectif la saison dernière. « Il est toujours à fond à l’entraînement, toujours à 100% parce qu’il veut toujours prouver. Lorsque les joueurs parlent au lieu de jouer, leurs exigences envers eu-mêmes baissent. Ce n’est pas prêt d’arriver à Golovin qui sait tout ce qu’il a encore à accomplir et le chemin qu’il lui reste à effectuer ». Un chemin qui lui conduit aujourd’hui à faire une halte à Monaco avec la ferme intention d’imiter ceux qui y réussissent pour se propulser bien plus haut.